2011 : Du cap Nord à Istanbul 5

Du cap Nord à Istanbul 2011

Et s’il fallait perdre le Nord pour voyager?

En 2011, je me glisse pendant 6 mois du cap Nord à Istanbul, à la lisière orientale de l’Europe, sur le fil de la nouvelle frontière européenne, à la manière discrète et féline d’une bicyclette pour tenter d’en esquisser un tableau impressionniste et de décrire ses zones grises telles que Kaliningrad, le Bélarus et la Transnistrie… Qu’est qu’une frontière? Est-ce aux frontières que bat le coeur de tout un continent?  Après avoir arpenté les pays lointains, j’ai voulu flairer la vraie dimension de cette tête d’épingle de l’Eurasie qu’est l’Europe, entrevoir sa relation à la Russie et aux migrations. Au récit de voyage auquel s’invitent de nombreuses rencontres, se mêle aussi l’histoire, la géopolitique, la visite impromptue de postes frontières, de bases militaires abandonnées ou de prisons ayant servi aux nazis et aux bolchéviques, aujourd’hui reconvertis en mémoriaux. Aux frontières, le passeport vaut plus que l’être humain: « Autrefois, l’homme n’avait qu’un corps et une âme. Aujourd’hui, il lui faut en plus un passeport, sinon il n’est pas traité comme un homme » dit un jour un Russe à Stefan Zweig (Le monde d’hier, souvenirs d’un Européen, Livre de poche, 1953). Avec les drames humains qui se jouent aujourd’hui en Méditerranée et rappellent l’histoire,  la politique de repli de la forteresse Europe revient au centre de l’interrogation sur l’altérité.