Tour, détour et retour sur « Lettre à Vélocio »

Publié le 13/11/2024

Notre court-métrage qui se déroule entre Lyon et Pernes-les-Fontaines, ne reprend pas les ingrédients d’un film sur un voyage à vélo aventureux et ses superlatifs de lointain, d’altitude ou d’exotisme. Il est question d’autre chose. Foin des philosophies et de ses théories, Nietsche l’avait pressenti: la santé est le plus grand des déterminismes.

Le cancer ressemble à s’y méprendre à une redoutable cellule dormante de terroristes. Tapi dans l’ombre de réseaux endormis et près à s’engouffrer dans la moindre brèche, à la première défaillance, à coloniser l’entièreté d’un corps humain, détourner son fonctionnement même à son profit, disruptif et destructeur jusqu’à parfois dévorer son âme ou sa vie. Une lettre de mise à demeure. Il n’y a alors, parfois encore, que les médicaments pour confiner l’implacable stratégie d’un crabe. N’ai-je jamais autant pédalé dans ma tête?

On se raccroche alors à ceux et celles que l’on aime, à ce que l’on aime faire: partager des amitiés, marcher, rouler à vélo, lire et écrire, monter des projets, tel ce court-métrage. Oui, c’est cela: tout est soudainement raccourci, rétrécit comme à la sortie d’une bouillante lessiveuse. Comme un avion sans ailes, un vélo sans roues, on ne maîtrise plus rien, mais n’a-ton jamais rien su véritablement maîtriser?

Et puis, accompagner notre documentaire, le prolonger par l’oralité, de lieu en lieu. Vivre un processus de deuil, une acceptation, sous le bienveillant regard de Vélocio, notre figure titulaire du cyclotourisme et ange gardien sur ces 500 km reliant ses lieux symboliques qui aujourd’hui nous appartiennent un peu beaucoup, passionnément. Ecrire une lettre au Maître comme on lance une bouteille à la mer, comme on se jette corps et âme, sans retenue. Trouvé les mots justes à d’injustes maux. Raconter. Puis tenter d’embarquer sur son porte-bagages les spectateurs.trices dans ce périple de plus en plus intérieur, pour conjurer le sort et célébrer, mille et une fois encore, ce deux-roues au rendement énergétique inégalé, un vélo qui crève l’écran, l’engin même de la renaissance…géographique ou méta(eu)phorique. La vie – comme un périple au « long cours » dans le langage des oiseaux – où lorsqu’on dit communément à quelqu’un « J’arrive! » et que l’on part, en réalité, pour une durée indéterminée…

Cinélux, Genève, 4 novembre 2024, avec Olivier Meissel, coréalisateur

Il y a eu 175 spectateurs le 2 novembre 2024 au Festivélo à Lausanne et 54 au Cinélux à Genève le 4 novembre. Il y a un début à tout et nous comptons sur vous pour en parler autour de vous. Nous croyons au bouche-à-oreille. Contactez-nous si vous souhaiteriez que l’on vienne le présenter plus près de chez vous!

Synopsis: Claude Marthaler, Olivier Meissel et Matthieu Allereau ont roulé en octobre dernier sur les traces de Vélocio, reliant 7 des lieux emblématiques de son existence, tracés par Charles de Vivie, son arrière-petit-neveu, dans la biographie qu’il lui a consacré en 2023. Claude, récemment atteint d’un type de cancer par trop connu des cyclistes masculins, jette un coup de rétroviseur à son propre passé. De faire appel aussi aux géants, mythes, cols et pionniers cyclopéens pour traverser le feu, que fredonne dans ses veines, encore et toujours, le joyeux chant des roues.  Ce road-movie célèbre en amitié « l’aventure d’être  en vie – en selle, plus qu’ailleurs ».    

Bande-annonce: https://www.youtube.com/watch?v=FYzQEWC-wqM

Lire aussi Lettre à Vélocio (juin 2023) et Pèlerinage à Vélocio (juin 2024) in Cycle!magazine.

Quelques-uns de mes livres sont en vente ce mois-ci (novembre 2024) au Cinélux