Noroeste argentino # 8: aller vers le connu ou l inconnu?

Publié le 07/11/2019

« Pour celui-là qui regarde sans voir, la terre n’est que la terre » (Atahualpa Yupanqui, poète, chanteur et guitariste argentin, 1908-1992)

L’ère digitale a transformé le voyage. Hier, on recherchait l’éloignement, peut-être la contemplation et la rencontre – et l’inconnu, au sens étymologique de l’aventure. Désormais, on survole la toile en permanence (avant, pendant, après le voyage), grappille des informations et des images : on recherche le connu pour le duplifier. Les images que l’on mitraille à moindre frais se doivent de correspondre en tout point à celles repérées sur internet.

Qu’importe la qualité de l’image, pourvu qu’on y soit allé, virtuellement, selon l’adage « have done that, have been there ». Le selfie obstrue le paysage. Adieu le regard et la photographie – le dessin par la lumière! Sa petite personne, le nombril du monde, s’est encore rétréci, dans une enfermement narcissique et volontaire. Est-ce la naissance d’une forme de conformisme devenu incontournable ? Comment éventuellement retrouver une forme de liberté dans une monde où la captation des données et les représentations du réel (ou de son relais immédiat), a magnifié chacun de nous autres voyageurs en aventurier. En héros à identité virtuelle !… alors que voyager, de fait, n’a jamais été si facile et bon marché. 1,4 milliards d’humains forment le tourisme mondial d’aujourd’hui.