Noroeste argentino # 6: une vie de chien

Publié le 18/10/2019

La vie d’un cyclonaute ressemble quelquefois à celle d’un chien errant. Dans la région, ils sont plutôt zen ou alanguis, font la quête auprès des magasins, des privés. Tout le monde les nourrit, mais personne ne les héberge. Ce sont des chiens de la rue qui vivent en bande.

Tous les voyageurs à vélo ont des histoires de chiens à raconter: bêtes somnolentes, molosses agressifs ou fidèles compagnons…

Quittant San Antonio de Los Cobres, un chien me devance pendant 24 km de montée, la première asphaltée depuis dix jours. Acclimaté comme aucun cycliste, il se retourne fréquemment pour s’assurer que je n’aie pas lâché prise face au méchant vent debout qui freine mon avancée. A chaque fois que je m’arrête pour manger et boire du thé chaud, il stop net, me tourne autour, sans jamais pourtant me réclamer quelque chose.

Pourquoi ce chien parmi des centaines s’est-il décidé à m’accompagner? Ressent-il une communauté d’âme? Son flair serait-il assez fin pour sentir à l’intérieur de mes sacoches la viande d’une parrilla offerte par des automobilistes? Le mystère reste entier. Je la lui offre. Il lève ses pattes sur ma jambe, se couche à mes côtés. Adopté, il me suivrait indéfiniment. Je parviens à convaincre un automobiliste parvenant au col en sens inverse qu’il le prenne à bord et le ramène à San-Antonio de Los Cobres. Le conducteur est d’abord persuadé que c’est mon propre chien.

Noroeste argentino # 6: une vie de chien 2

Par 2800 mètres de dénivelé négatif (le vent n’a pas lâché prise et il me faut pédaler), je rejoins Salta le lendemain. Je parie que ce chien si affectueux et dévoué m’aurait suivit sans maugréer.