L’Eurasie à vélo #39: La mue du serpent

Publié le 20/04/2022

Etrange Caucase où l’on me cueille continuellement sur la route pour m’inviter dans une demeure. Je suis l’hôte provisoire et reconnaissant de ce monde , le thermomètre de ces familles qui s’entraident pour supporter le poids des guerres qui déchirent le Caucase, cette échine commune, ultime refuge. Le communisme avait cru pouvoir façonner un homme nouveau. Mais, à travers chair et os, je ressens sur mon vélo combien la nature détermine l’homme dans ses représentations du monde, ses entrailles, ses pensées. Steppes, cimes et bord de mer, un homme parle de cheval, l’autre de poisson. Le chemin est long comme un serpent. Tbilissi, km 8700, je n’ai pas fini de muer.

L’Eurasie à vélo par Claude Marthaler, La Tribune de Genève, été 1994