L’Eurasie à vélo #22: Les flammes éternelles de Bakou

Publié le 03/04/2022

Je roule sur les champs pétrolifères, attiré par Bakou, comme si ces derricks m’irriguaient à leur tour, irrémédiablement. Ces flammèches m’indiquent un bout du monde, une destinée que les Zoroastriens avaient adoré depuis bien longtemps. Plus tard, les Anglais, en fins stratèges, puisèrent les ressources du sous-sol. Ces flammes à l’aspect éternel m’appartiennent sans doute à personne qu’à elles-mêmes. L’Azerbaïdjan est assis sur sa propre richesse et son propre malheur.

Je m’ancrai quelques temps pour reconsidérer les 6800 km de mon cheminement. Ces flammes en constante ascension m’indiquent la voie à suivre: la verticale. Je repousse le projet de traversée de la Turkménie à l’automne et tourne la tête vers l’Ouest, vers les hautes cimes du Caucase. Après 1000 km de steppe, j’étais mû par un besoin inassouvi de hauteur.

L’Eurasie à vélo par Claude Marthaler, La Tribune de Genève, été 1994