Ararat#12: Anfal, le génocide kurde

Publié le 17/10/2021

Il n’y a que trois ans que le Kurdistan irakien connaît une forme de non-guerre. Mais est-ce vraiment la paix? Assise sur un volcan – l’or noir – la région est la proie de bien des convoitises, intérieures et étrangères. Au cours de l’histoire, les Kurdes, maintes fois trahis, ont payés un lourd tribut humain pour vivre sur leurs terres. L’histoire est dense et convulsée, la génération des peschmergas, littéralement « ceux qui affrontent la mort », l’armée régionale, qui s’est libérée d’un douloureux joug à la chute de Saddam Hussein, conserve mordicus le pouvoir et surtout la grosse part de la manne pétrolière qui a pendant quelques année permit de développer la région. L’arrivée de Daech a stoppé net une croissance économique sans précédent. Et depuis, l’hémorragie de départ des jeunes vers l’Europe où les Etats-Unis se présente comme leur seule perspective, leur unique futur. Mais que diable vient faire ici le cycliste du « paradis » comme les Kurdes s’imaginent la Suisse dont la plupart ignorent tout. Les réseaux sociaux propagent la vision idyllique d’une Suisse pure, de sa nature boisée irriguée de cours d’eau, vierge et cristalline, qui résonne profondément dans cette région aride.

L’Anfal, ce génocide du peuple kurde, parfaitement organisé du 23 février au 6 septembre 1988 en six étapes, commandité par Saddam Hussein et réalisé par son cousin Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le boucher, mis à mort quelques 180000 Kurdes, notamment avec des armes chimiques ou en les enterrant vivants.

Alors qu’avec un autre genevois, je traversai à vélo la Syrie, la Jordanie et le Yémen, j’ignorais tout de cette sinistre entreprise de la mort. Aux premiers mois de l’année 1991 et jusqu’à mon retour en Suisse à fin juillet de cette année-là, je passai sans le savoir à côté de l’exode des Kurdes franchissant les montagnes enneigées pour atteindre la Turquie…

Barzani Memorial Center
Monument à la mémoire des victimes de la tribu des Barzan du génocide kurde.

Massacre de la population civile kurde d’Halabja, quelques 5000 vies humaines, du 16 au 19 mars 1988, perpétré à l’arme chimique balancé par des MIG et des mirages de l’armée irakienne

Mémorial d’Halabja