Ararat #5: L’ascension du toit de la Turquie

Publié le 31/08/2021

Durant toute la montée, j’ai pensé aux étudiants américains Thomas Allen et William Satchleben qui en 1890, s’élançaient pour un tour du monde à vélo en duo d’une distance totale de 24’211 km. Parvenus à Dogubayazit, ils se firent faire deux paires de chaussures de marche. Au moment de planter les clous dans leurs semelles, le coordonnier faillit s »arrêter de poursuivre son travail, car il voulait imposer son prix prohibitif, ce qu’il parvint à réaliser. Le 4 juillet de l’année suivante, sans aucune expérience de la montagne, ils rencontrèrent un Tyrolien de 63 ans qui lui en possédait. Et les voilà partis avec un groupe de muletiers kurdes qui transportaient leurs bagages. Le trio parvient au sommet sans eux et sans guide. Voilà à quoi pouvait ressembler l’environnement dans lequel s’est déroulé leur téméraire ascension:

130 ans plus tard, cette montagne, aujourd’hui entièrement située en territoire turc et si centrale dans la chrétienté est devenu le lieu d’une pratique « industrielle » de l’alpinisme. Une montagne mondialisée que l’on vient gravir de partout, non parce qu’on aime forcément la montagne, mais parce que chacun la connaît.

Ararat #5: Le toit de la Turquie 2
Les clients
et les bêtes.

La chance me sourit: je joins un groupe de trois Macédoniens, un Tchèque, un Français et un guide kurde. Nous avançons à belle allure, équipe soudée, en forme et joyeuse.

Camp 1 à 3400 mètres
Le petit Ararat (3925 m) de forme conique, à l’arrière-plan