Ararat #3: Nemrut Dagi

Publié le 31/08/2021

De Tatvan, la route s’élève avec sévérité et m’oblige quelques fois à marcher patiemment. Elle se termine par des pavés en basalte pour atteindre la jupe du volcan, à 2500 mètres d’altitude. Un dernier clin d’oeil sur le lac de Van, puis je bascule dans la caldeira elliptique au diamètre de 7 x 8 kilomètres. C’est une sensation étrange. De quitter le monde. Celui des hommes. Et de descendre, secoué par des pavés noirs charbon vers le centre de la terre. D’abord sur une crête, puis dans une forêt de bouleaux. Ce monde d’avant, où trois lacs aux températures et couleurs si différentes se sont lovés, comme une vie parallèle à la nôtre. Le volcan dors (ou fait semblant) alors que des éclairs zèbrent un ciel ténébreux et que le ciel me tombe sur la tête.

Malgré le fait que tout le cratère soit classé par la convention Ramsar sur les zones humides, on retrouve des déchets éparpillés partout au bord du lac où les Turcs et Kurdes viennent se prendre en selfie. Ils ne semblent aucunement sensibles à l’environnement sauvage exceptionnel de ce biotope. Deux bergers kurdes et leur fille me laissent in extremis camper ici même. Ils singent d’abors de gros animaux pour me dissuader de le faire, mais devant mon éclat de rire, ils me prennent en sympathie et m’offrent un çai avant de déguerpir. Je plante ma tente sous la pluie, l’orage gronde. Tout le monde part. Qui pour se souvenir qu’on doit à la dernière éruption du Nemrut Dagi la création du lac de Van? Voyager, est-ce rester un peu plus longtemps, même s’il pleut des trombes durant toute la nuit ?

Ararat #3: Nemrut Dagi 3