Algérie #0 : Et elle se fit nomade…

Publié le 02/12/2025

A deux tours de pédale de chez moi, je passe très souvent à vélo dans ma ville natale à la rue des Quatre-Saisons dans le quartier des Grottes à Genève. Depuis fin 2018, une plaque épigraphique et des phrases de la grande et météorique écrivaine Isabelle Eberhardt (1877-1904) y sont apposées. Tous ses livres, souvent hélas retouchés, ont été publiés post-mortem. Retombée dans l’oubli, elle a pourtant ouvert la voie à d’autres voyageurs.euses… La ville de Genève saura-elle dignement célébrer en 2027 les 150 ans de sa naissance? Paul Bowles (1910-1999), le célèbre écrivain américain que la Beat Generation fréquenta dans les années 1950 à Tanger, cette ville cosmopolite, interlope et insoumise, a traduit Elisabeth Eberhardt en 1971. Une génération plus tard, l’intrépide Ella Maillart (1903-1997), elle aussi native de la région genevoise, l’a lue et en fut inspirée.

A chaque fois que je passe devant cette fresque murale, été comme hiver, j’ai une pensée profonde pour Isabelle Eberhardt et la liberté qu’elle incarne. Et c’est ainsi que j’emporte quelques-uns de ses ouvrages dans mes sacoches que je lirai en route, dès le 10 décembre. Une piste littéraire? Un prétexte ou un pré-texte? Qu’importe!

Nourri abondamment par les récits des voyageurs qui dans les années 1970-1990 sillonnèrent le Sahara algérien, je me réjouis de découvrir un infime fragment du seul pays d’Afrique du Nord que je n’ai jamais eu l’occasion de traverser à deux roues. Je me trouvai au Niger en 2001, au sud de l’Algérie, remontant en deux ans à vélo cette vaste Afrique. La température de braise me dissuada alors de tenter une traversée du Sahara algérien.

Algérie, vaste pays! Désormais le plus grand du continent noir (plus de 4x la France métropolitaine ou 57x la Suisse) depuis la partition du Soudan en deux états en 2011.

«Un droit que bien peu d’intellectuels se soucient de revendiquer, c’est le droit à l’errance, au vagabondage. Et pourtant, le vagabondage, c’est l’affranchissement, et la vie le long des routes, c’est la liberté» (Isabelle Eberhardt, Heures de Tunis, 1902).